mercredi 14 novembre 2018
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Applebaum à son procès: l’État a abdiqué de ses responsabilités

Après la Couronne, c’est au tour de Me Pierre Teasdale de livrer son plaidoyer. D’emblée, l’avocat précise que l’absence de témoins de la défense au cours du procès repose sur la notion fondamentale de présomption d’innocence. Il appartient à la Couronne de prouver hors de tout doute raisonnable la culpabilité de l’accusé selon les critères élevés d’une cour criminelle et non ceux d’une commission d’enquête.

La faiblesse de la preuve : des témoins tarés |1|
Toute l’accusation repose sur le témoignage d’Hugo Tremblay et la corroboration des autres témoins. Pierre Teasdale analyse les réponses des témoins lors des contre-interrogatoires pour montrer chez Hugo Tremblay son habileté de communicateur, manipulateur, calculateur et opportuniste.
Les affirmations d’Hugo Tremblay sur son initiation à la corruption (on chuchote, on ferme le téléphone, on se rencontre hors du bureau dans un café, un stationnement) sont rudimentaires. Des lieux communs propres aux téléromans du genre.
Hugo Tremblay se dit déçu de n’avoir pu incriminer Michael Applebaum lors des rencontres où il enregistre à son insu son ancien patron. Mais il ne propose aucun scénario susceptible de piéger Applebaum. Il ne pose même pas les questions préparées par la police. Voulait-il avant tout se disculper?
Hugo Tremblay affirme être tiraillé par un conflit moral. Il demande 35 000$ à Anthony Keeler car le montant de 50 000$ le met mal à l’aise. Son malaise dira l’avocat porte sur le montant non sur l’extortion.
Il bluffe son ami Patrice Laporte (qu’il connaissait du temps où il travaillait à la Ville de Terrebonne) pour extorquer 25 000$ à Sogep.

De Robert Stein que Pierre Teadale qualifie de corrupteur ambitieux, intelligent et opportuniste, il rappelle que c’est Stein qui a soudoyé les fonctionnaires Bisson et Rousseau ainsi que Saulie Zajdel.
Son associé Keeler reconnait avoir escroqué Stein qu’il appelle pourtant son fils en ne remettant pas intégralement l’argent fourni par Stein et destiné à Jean-Yves Bisson.

Quant à Patrice Laporte c’est de son employeur Dessau qu’il apprend que les enquêteurs veulent le voir. Son employeur lui suggère de consulter préalablement l’avocat de la compagnie.

Durant l’enquête et devant la Cour, aucun témoin n’a exprimé de repentir. Ils se sont tous magasiné une promesse de n’être pas inculpés. Ils ont tous sauvé leur peau en incriminant Michael Applebaum dit Pierre Teasdale.

Un témoin douteux corroboré par quatre témoins douteux ne font pas un témoignage fiable.

L’État a abdiqué de ses responsabilités
La preuve disponible vient seulement de témoins dont aucun n’a signé (chacun pour des raisons différentes) le document intitulé COL1 qui régit le statut de témoin collaborateur. Ce document exige que les témoins enregistrent d’abord un aveu de culpabilité, qu’ils se soumettent à un test polygraphique et qu’ils rédigent une déclaration de vie dans laquelle ils relatent des faits et gestes antérieurs qui leur sont reprochés. Tout cela, non pour les incriminer puisqu’ils ne seront pas poursuivis mais pour permette à Cour de juger de la réelle valeur de leurs témoignages.
Or dira Me Pierre Teasdale, les enquêteurs ont accordé toutes les garanties demandées par les témoins qui n’ont jamais plaidé coupable, n’ont pas été accusés et ne le seront probablement jamais . En ne les faisant pas signer, l’État dit-il a abdiqué de ses responsabilités. .

La relation symbiotique d’Hugo Tremblay avec l’enquêteur Luc Lamy
Conformément aux usages, Luc Lamy a consigné dans un registre de 240 pages toutes les communications (rencontres, conversations téléphoniques, textos, courriels) entre lui et Hugo Tremblay depuis la première rencontre de 2013. Toutes, note l’avocat, sauf sur une période de 13 mois où il en a été dispensé alors qu’il communiquait cependant une ou deux fois par semaine.
Nous sommes vous et moi dira Pierre Teasdale à la juge Louise Provost privés de la possibilité de porter un regard sur ces échanges.

Une relation que Pierre Teasdale qualifie de symbiotique et non de relation objective même si selon lui, les enquêteurs avaient une confiance limitée envers Hugo Trenblay. Mais leur objectif était d’incriminer Michael Applebaum et Hugo Tremblay était le seul qui puisse témoigner :
- Cela mettrait toute la chaleur sur ses agissements (NDLR : à Michael Applebaum)
- Tu travailles pour ta paroisse
- Tu vaux pas moins que lui et même plus. On a profité de toi pour te faire la sale job |2|

Ils ne leur appartenait pas soutient Pierre Teasdale à l’intention de la juge J. Provost mais à vous seule de porter un jugement.

À propos de certaines activités du maire
Selon les témoignages de Hugo Tremblay, Robert Stein et Anthony Keeler, le maire Applebaum a rencontré les deux promoteurs à son bureau en présence d’Hugo Tremblay qu’il présente comme son bras droit. Parler à Hugo c’est parler au maire dit-il. Au cours de cette rencontre, il sollicite également des promoteurs d’acheter des billets d’un cocktail de financement du parti Union-Montréal. (ils achèteront 10 billets à 100$ chacun qu’ils paieront cash|3|.
C’est le mandat légal du maire de rencontrer des promoteurs et de soutenir ou pas des projets pour son arrondissement. Tout cela en conformité avec des règles de procédures établies.
Par ailleurs, la fonction de directeur de cabinet implique de représenter et parler légalement au nom de son patron. Y voir une collusion n’est qu’une interprétation des témoins.
Quant à la sollicitation pour des billets de cocktail, elle n’a rien d’illégal. La loi permet aux partis politiques la sollicitation. Elle impose ce travail aux élus et non à des fonctionnaires.

Pierre Teasdale poursuivra sa plaidoirie demain, mercredi 30 novembre

NDLR
|1| au sens juridique du terme c’est-à-dire comportant des éléments qui nuisent à sa fiabilité.
|2| Ces phrases prononcées par Luc Lamy sont extraites du cahier de notes des 240 pages.
|3| Le paiement en liquide est légal sous réserves que le parti politique émette un reçu et que le total des contributions en liquide n’excède pas 20% des contributions globales.

Photo : Michael Applebaum et Pierre Teasdale en arrière plan

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